Midi Libre le 15/02/2009: Un chercheur pointe la souffrance des petits patrons

Midi Libre le 15/02/2009: Un chercheur pointe la souffrance des petits patrons

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Un chercheur pointe la souffrance des petits patrons

Olivier Torrès a érigé son érudition des petites entreprises en art. Ce chercheur à l’Université de Montpellier et vice-président de l’Association internationale de recherche en PME n’est pas de ces thésards empoussiérés. Ses rires sont sincères, sa verve palpable. Il parle avec les mains. Ses mains parlent. Probablement, entre autres, parce qu’il a passé sa jeunesse derrière le comptoir d’un bar incontournable de Sète, le Tabary’s. Dans les troquets de l’île Singulière, on y apprend à causer avec tout le monde. C’est ce que cet enfant de Paul-Valéry fait à l’envi,

y compris récemment dans une tribune atypique, à contre-courant, publiée dans Le Monde, sur « l’inaudible souffrance patronale » qui s’appuie sur deux patrons qui ont mis fin à leurs jours la veille de Noël. La souffrance des salariés licenciés, on connaît. Celle des patrons, forcément suspecte par essence, est taboue. Sa théorie : la souffrance est une. Elle est humaine quelle que soit notre place dans la société. Dans les sociétés. C’est le leitmotiv d’Olivier Torrès. Et qui n’a pas échappé à l’émission Complément d’enquête, sur France 2. L’émission a dirigé ses caméras à Lyon où Olivier Torrès enseigne aussi. L’économiste atypique a déjà commis plusieurs livres dont un, en 2005, la Guerre des vins, l’affaire Mondavi, qui a secoué monde viticole et élus de 1998 à 2001, depuis Aniane (Hérault) et qui avait théorisé « la diabolisation de l’arrivée d’un propriétaire américain ». Demain, justement, Complément d’enquête s’intéressera aux Patrons, métier à risques. Le reportage où apparaîtra Olivier Torrès s’appelle Au bout du rouleau, indique Sébastien Vibert, rédacteur en chef. « On le fait parler des patrons qui, d’habitude, taisent leurs angoisses. » « Sensible aux injustices », Olivier Torrès précise : « Il y a eu beaucoup de travaux sur la souffrance des salariés et c’est tout à fait justifié. Je ne défends pas tous les patrons. Je suis « Pmiste ». Le patronat n’est pas qu’un monde de salauds. Il y a deux sortes de patrons. Le patron « réel », propriétaire de sa boîte et qui la gère. Qu’il soit touché par une faillite et c’est tout un monde qui s’écroule. Et puis il y a le patron de « management » qui n’est autre qu’un salarié de haut niveau, le seul qui ait accès aux injustes parachutes dorés. » Dans la région, le chercheur montpelliérain pense à un cas qui montre la force du patronat « réel » : Jallatte. Voilà une entreprise revendue par son fondateur à des Italiens qui n’ont pas respecté leur parole de maintenir tout l’emploi à Saint-Hippolyte-du-Fort, dans le Gard. Un fondateur qui, là aussi, s’était suicidé.

Olivier SCHLAMA